Revenons quelques instants sur mon fidèle compagnon de route, mon DID. Comment se sont passés ces 350 jours de voyage avec un diabète dans nos sacs ?
"Bah, très bien Docteur!" 
Le tour de la question, en questions ... et réponses !
1. Equilibre glycémique
Un DID doit être très vigilent à sa glycémie (=taux de sucre dans le sang). Cette dernière doit être la plus proche de la normale physiologique: 1g/L.
Pour un non DID, c'est simple: vu que votre corps gère tout, tout seul.
Pour un DID, c'est plus compliqué: c'est à nous de tout gérer. Je vous renvoie à l'article "Planète Diabète" où j'écrivais que le diabète était un boulot à plein temps, et que tout ... a une incidence sur notre glycémie ! A notre grand désespoir !!
"C'est en forgeant, que l'on devient forgeron" ; c'est en se connaissant bien que l'on peut vivre pleinement sa vie... Chaque expérience de ma vie est l'occasion de voir comment mon DID se comporte ... je me plante (c'est clair!), y'a des hauts, y'a des bas (c'est clair!!), mais j'apprends, j'analyse ... et me détache progressivement des contraintes liées au diabète.
C'est pourquoi, aujourd'hui, je ne crains plus de prendre l'avion, d'avoir des décalages horaires, de changer d'alimentation, de partir faire un trek à 4000m au Népal. Se connaître est la clef de la liberté ! Je finis ce p'tit tour de la Planète avec une hémoglobine glyquée (HbA1C) de 7,4% (vs 7,3% quand je suis partie en mars 2009).
P'tite minute culture G: L'HbA1C est le reflet de l'équilibre glycémique sur les 3 derniers mois (moyenne trimestrielle de la glycémie). La valeur normale pour un non DID est comprise entre 4% et 6%. Pour un DID, il est préférable qu'elle soit en dessous de 8%.
Mon Tour du Monde n'a donc pas déséquilibré mon Diabète. 
2. Traitement du DID
Pour prendre soin de mon diabète, et donc de moi (!), il m'a fallu embarquer dans mon sac à dos de 17kg mon "matos DID", vital: insulines, 2 appareils à glycémie, bandelettes pour mesurer la glycémie, 1 pompe à insuline, consommables de cette dernière (cathéter, réservoirs), compresses alcoolisées.
Avant le départ, matériel DID pour 3 mois.
Tous les 3 mois j'avais planifié un ravitaillement (envoi de colis, venue de la famille avec dans ses bagages mon matos DID).
Lors de l'évaluation de mes besoins, j'ai surestimé mes besoins journaliers en insuline et en consommables (de 20%), et ai toujours prévu un "stock de sécurité" (de 3 semaines), stock porté par Christophe. Tous mon matos DID était réparti dans nos différents sacs ... pour au cas où !
Pour l'insuline...Mes stocks d'insuline (3 mois) ont voyagé avec moi à température ambiante. Sauf que la température ambiante de l'Inde (35°C / 40°C) n'est pas celle du Népal à 4000m (5°C). Or, l'insuline n'aime pas les variations de températures ; ces chocs thermiques l'abîment et du coup elle est moins active ... donc très dur d'équilibrer son DID lorsque votre insuline ne marche plus. C'est pourquoi, je souhaitais avoir des ravitaillements réguliers en insuline (pour avoir de la nouvelle insuline!), et que j'ai été vigilante à ces chocs thermiques. Avant de partir dans l'Himalaya et ses basses températures, j'ai laissé chez notre guide à Kathmandu un stock d'insuline, stock que j'ai récupéré à notre retour, et qui lui n'avait pas subi les 5°C des montagnes.
3. Alimentation
Des pays ont été plus faciles que d'autres question alimentation.
L'Asie du Sud Est, et tout particulièrement la Thaïlande, l'Indonésie, le Japon, la Polynésie Française, l'Australie ont été "comme à la maison". Il était relativement "facile" d'avoir un équilibre alimentaire: fruits, légumes, poissons, laitages, céréales - riz, blé ... donc pas de problème !!
Pour des pays comme la Mongolie... ce fut un peu plus dur ! Des plats gras, très denses en énergie, pas de fruit, pas de laitage (à part du lait de jument fermenté!!)... et une vie très sédentaire (beaucoup de kilomètres dans les steppes mongoles à bord de notre Purgan). J'ai donc été obligée d'augmenter mes doses en insulines de près de 20%.
Au Népal ... l'alimentation y est aussi très riche en énergie, en gras, et glucides ... mais la marche de 6h à 10h par jour a contrebalancé ces apports. Des glycémies au top, et des doses plus basses que d'habitude.
4. Aéroports
Rien à signaler !!!
Et pourtant nous avons pris 40 avions et foulés 29 aéroports ... Je n'ai eu aucun soucis aux contrôles. Soit les douaniers connaissaient le diabète, et donc pas de problème ; soit ils ne connaissaient pas ... et demandaient à leur hiérarchie, qui, elle, connaissait.
J'ai toujours eu avec moi une attestation en anglais de mon diabéto comme quoi j'étais DID, et ai toujours gardé avec moi mon matos DID (jamais dans la soute!).
5. Avion & décalages horaires
Depuis plusieurs années, lors de la réservation de mon billet d'avion je précise que je souhaiterais le "menu diabétique". Parfois, je passe à côté d'une très bonne glace Magnum au chocolat (cf. vol Hong-Kong / Bali) 
, mais la plupart du temps, ce menu est bien plus sympa, car plus équilibré et plus riche en fruits & légumes, moins gras, et moins sucré!
Concernant le décalage horaire, j'avoue qu'avec ma Pépette (pompe à insuline) c'est quand même bien plus simple ... que sous multi-injections. Ma basale me couvre toujours ... donc pas de soucis même lorsque la journée dure 42h, que l'on enchaîne 4 avions, et que l'on se prend : +2h ; -16h (changement de jour!) ; -2h .... (Cf. le 8 nov 2009 entre Alice Springs - Australie et Ile de Pâques).
Aéroport d'Auckland, Nouvelle-Zélande
Maintenant que nous sommes rentrés,
que nous avons (presque!) revu tous ceux que nous aimons,
que nous avons retrouvé notre p'tit confort "à la française",
nous voilà (déjà!) à Regarder au Loin vers d'autres projets...
Non, nous n'avons pas l'intention de repartir (quoique ! ),
Juste de continuer de
... porter un message Positif & d'Espoir autour du Diabète de type 1,
... faire connaître cette maladie, si peu et mal connue,
... fédérer les DID, car nous avons tous à apprendre de l'Autre,
le tout, lors d'expositions de nos photos.
Encore mille MERCIS à vous pour nous avoir accompagné tout au long de cette superbe aventure !
@ très vite,
Les Globe-Trotters
